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Studio Stone

Les œuvres de Cami et Sasha Stone sont réparties dans diverses collections internationales et témoignent d'une vie qui les a menés de Berlin à Bruxelles, en passant par les États-Unis et Paris. Malgré l'importance des activités de leur atelier durant l'entre-deux-guerres, leur œuvre reste largement méconnue.
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galerie de photos

Le livre « Malerei. Fotographie. Film » (Peinture. Photographie. Film) du peintre et photographe László Moholy-Nagy fut publié en Allemagne en 1925. Il fut le premier ouvrage à poser théoriquement les principes du mouvement photographique de la « Nouvelle Photographie ». Parmi les critères retenus : perspectives et cadrages inhabituels, lignes diagonales, contrastes marqués, inversion positif/négatif, solarisation, photomontage, gros plans ou détails inhabituels. Le répertoire de sujets était très large, allant du reportage à la photographie abstraite et expérimentale. L'influence de ces principes sur les photographies de Cami et Sasha Stone est remarquable. Dans les exemples rassemblés ici, l'utilisation d'une vue plongeante (vue de dessus) ou d'une vue en plongée (vue de dessous) est frappante. L'affiche électorale du Parti des Travailleurs Belges présente également une combinaison de vues en plongée dans les portraits, de photomontage et d'une construction oblique qui met en valeur le regard des candidats. Ce même cadre analytique s'applique à de nombreuses photographies de Cami et Sasha Stone. Elles utilisent largement les principes de la nouvelle photographie dans leur travail. Dans cette optique, il est intéressant d'examiner leur travail et de réfléchir aux principes artistiques qui sous-tendent certaines de leurs images.

Par exemple, ils s'intéressent aux détails singuliers d'un bâtiment, comme l'arche métallique d'un pont, ou aux éléments techniques d'une installation, comme le mécanisme de l'observatoire de la tour Einstein à Potsdam. Ils n'hésitent pas à photographier les bâtiments sous des angles audacieux. Dans le même esprit, ils réalisent également des gros plans pour créer des « natures mortes » d'objets du quotidien. Plutôt que d'offrir une vision objective, leurs images créent ainsi une perspective nouvelle.

Les Stones réalisent également fréquemment des photomontages. Sasha Stone crée une série de photomontages sur le thème « Si Berlin… ». Il combine des photographies de la capitale allemande avec celles d'autres villes, principalement touristiques. Il en résulte des images utopiques d'un Berlin entouré de montagnes (« Si Berlin était Innsbruck ») ou au bord de la mer (« Si Berlin était Biarritz »). Pour créer l'illusion, des éléments architecturaux ou paysagers reconnaissables sont insérés dans les images, comme la circulation et les tramways berlinois avec les montagnes autrichiennes d'Innsbruck en arrière-plan, ou le nom d'une station de métro berlinoise associé au littoral de Biarritz. La série « Si Berlin… » s'inspire des cartes postales touristiques du début du XXe siècle, notamment d'une série publiée en 1905 intitulée « Si Londres était Venise ». Une carte postale touristique montre généralement le lieu d'où elle est envoyée. De même, dans les photographies de Sasha Stone, il fallait pouvoir reconnaître la ville de Berlin et le caractère anachronique du montage sans légende.

Dans un autre photomontage, Sasha Stone associe le portrait du magnat du pétrole John D. Rockefeller à une série de plateformes pétrolières entourées d'une épaisse fumée noire. Il applique des concepts qu'il a expliqués dans un article de 1928 publié dans le mensuel Das Kunstblatt . Il y examine les possibilités du photomontage, qui permet de créer des liens formels, dynamiques ou sémantiques en combinant différentes images. Dans le cas du montage avec le visage de Rockefeller, il est clair que l'intention est d'identifier l'homme à son activité professionnelle. Une autre version de ce montage a été publiée à l'époque avec la légende suivante : « John D. Rockefeller, quatre-vingt-dix ans, le plus puissant magnat du pétrole au monde, le premier à avoir reconnu le pouvoir transformateur du pétrole et à l'exploiter à ses propres fins » (traduction de l'allemand). La même année que Sasha Stone, le célèbre photomonteur antifasciste allemand John Heartfield créa des montages aux motifs similaires (un visage et des derricks) pour la couverture du roman d'Upton Sinclair, « Pétrole ! ». Ce livre, publié en 1926, dénonçait les excès de l'industrie pétrolière et du capitalisme. Stone, comme Heartfield, utilisa ici le photomontage comme outil critique. Le visage de Rockefeller domine l'image, ses vêtements d'un blanc éclatant se détachant nettement sur la fumée noire. L'accumulation de puits d'extraction « conquiert » l'image entière, où l'ouvrier est totalement absent. Le photomontage combine ces motifs pour symboliser un capitalisme expansif qui exploite la masse invisible des travailleurs.

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Collection de pierres

Au cours de la phase de recherche du projet Studio Stone, une quantité importante de travaux de Sasha et Cami Stone a été mise au jour. Les œuvres accessibles en ligne sont compilées sur cette page, accompagnées des métadonnées correspondantes.

L'exposition et le catalogue qui l'accompagne ont bénéficié du soutien des Communautés flamande et française de Belgique dans le cadre de la Coopération culturelle entre les Communautés flamande et française.

Texte du site web : Charlotte Doyen