Il y a exactement 105 ans, l'indice visait à stabiliser la lutte perpétuelle entre employeurs et employés. La Belgique connaissait alors d'importantes hausses de prix, poussant les travailleurs et leurs syndicats à se mettre constamment en grève pour obtenir des salaires plus élevés. Pour briser ce cercle vicieux, le ministre socialiste du Travail, Joseph Wauters, introduisit l' indice des prix de détail En liant les salaires des conventions collectives à cet indicateur du coût de la vie, lui, les employeurs et les syndicats espéraient éviter autant que possible les mouvements salariaux. L'indice fonctionnait d'ailleurs dans les deux sens : lorsque les prix baissent, les salaires baissent également. Mais ce dernier phénomène est rare après l'entre-deux-guerres. C'est pourquoi, surtout depuis les années 1970, l'indice a été fréquemment modifié. Dans les années 1980 et 2015, les sauts d'indice ont empêché l'ajustement des salaires au coût de la vie, et avec l'« indice santé » de 1994, l'essence, le diesel, l'alcool et le tabac ont disparu du panier de l'indice. L'indice est tôt ou tard discuté à chaque formation gouvernementale, les employeurs et les partis de droite estimant qu'il porte atteinte à la compétitivité des entreprises belges, tandis que les syndicats et les partis de gauche veulent à tout prix protéger le pouvoir d'achat des salariés.